MUSULMANES DE BELGIQUE
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 Suivre un madhab,pourquoi?

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Oum
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MessageSujet: Suivre un madhab,pourquoi?   Suivre un madhab,pourquoi? I_icon_minitimeSam 12 Sep - 1:06

Suivre une doctrine




Dieu exalté soit-il dit dans le Coran: « Interrogez, si vous ne savez pas, ceux qui détiennent la connaissance en la matière (les gens de l’invocation ou du Rappel ou du Livre) »[1]

Les trois premiers siècles de l’Islam sont les siècles de référence[2] pour les musulmans, c’est au cours de cette période bénie que les quatre doctrines (établies sur des bases saines et solides) sont nées.

Si le musulman grandit dans un pays dans lequel tous les savants suivent un même rite doctrinal, il lui est fortement recommandé de suivre la doctrine dominante dans son pays, qui est en réalité la doctrine des savants de ce pays.

Un Muqallid (un musulman qui n’a pas les compétences scientifiques, intellectuelles et spirituelles pour interpréter les textes traditionnels) ne peut en aucun cas se permettre de produire des Fatwa[3] et de se construire lui-même pour lui ou pour les autres « une doctrine sur mesure » !Chaque musulman doit suivre la doctrine des savants et des ancêtres pieux, c’est là le sens du verset -cité ci-dessus- et la garantie contre l’anarchie en matière de jurisprudence. C’est le moyen surtout de préserver sa foi et d’éviter les chemins glissants des sectes et des idéologies.

Cependant, le musulman ne doit pas faire preuve d’intolérance vis-à-vis des autres rites ou doctrines ni les mépriser.

Le prophète (paix et salut sur lui) dit : « La différence de ma communauté est une miséricorde »[4]: il veut dire par là la différence d’opinions dans les branches de cette religion (traduite par les doctrines) et non pas au sujet des piliers (comme le dogme …)
La différence d’opinions (entre les savants) concernant les branches de cette religion (qui se traduit par les doctrines) est licite et constitue même une richesse : celui qui suit un savant de la religion (‘âlim), Dieu ne lui reprochera rien le jour du jugement[5].

Dans la sunna : de nombreux exemples montrent que les compagnons ont appris grâce au Prophète (paix et salut sur lui) que la différence était possible dans les branches de la religion et qu’elle fait même partie de la nature humaine et de l’œuvre de Dieu : on cite comme exemple celui ci:

« Un jour de guerre, le Prophète (paix et salut sur lui) s’adresse aux compagnons qui allaient faire le voyage pour rencontrer l’ennemi, en leur disant : « Vous ne ferez la prière de ‘Asr qu’au village de Banû Qurayda »
Chemin faisant, et voyant que le soleil allait bientôt se coucher, une partie des compagnons a interprété (compris) la parole du Prophète (paix et salut sur lui) comme une indication qu’il fallait que la prière de ‘Asr soit accomplie avant l’arrivée au village et ils ont alors accompli cette prière de suite. L’autre partie a compris qu’il ne fallait faire la prière de ‘Asr qu’une fois au village ; et ils sont arrivés très tard la nuit à ce village et y ont accompli la prière…
Les compagnons étaient très embarrassés et de retour chez le Prophète (paix et salut sur lui), il donna raison aux deux parties et accepta les deux interprétations[6].
Les savants se basent sur cet événement pour dire que les interprétations sont toutes justes tant qu’elles proviennent de savants compétents qui connaissent les règles et piliers de la religion et les outils de la jurisprudence (comme c’est le cas des compagnons).
De même : on peut citer l’exemple d’‘Umar Ibn al-Khattâb qui entendit quelqu’un réciter le Coran d’une façon très différente de la sienne. Très en colère, ‘Umar traîna l’homme devant le Prophète (paix et salut sur lui) en lui ordonnant de réciter les versets qu’il avait récités auparavant ; et le Prophète (paix et salut sur lui) approuva sa lecture. ‘Umar se sentit très embarrassé et le Prophète (paix et salut sur lui) dit alors : « Ce livre m’a été révélé suivant sept lettres (ou lectures) » [7]

C’est d’ailleurs pour cela que s’est développée la science de la récitation du Coran « ‘Ilmu Al-qirâât » (méthode Warsh pour les Maghrébin, méthode Hafs pour les orientaux, Qâlûn pour la Lybie….), car la langue arabe n’est pas prononcée de la même façon et la phonétique change d’un pays à l’autre et d’une région à l’autre. Cette différence est aussi une richesse et une miséricorde.

Ainsi, les gens de Warsh doivent respecter, reconnaître et approuver les gens de Hafs, les malikites doivent respecter et approuver les hanbalites ou les hanafites ou les Shâfi‘ites dans une ambiance d’amour et de fraternité…


Notes de bas de page:

[1] Coran 16/43.

[2] Abu Hurayra a dit : le prophète (paix et salut sur lui) a dit : « le meilleur des siècles est le mien puis celui qui le suit puis celui qui le suit… » : rapporté par Al-bukhârî, Hadîth 1175 (p 471) le livre des témoignages « le sommaire du sahih al-bukhârî » par L’Imam Zein Ed-Dine Ahmed ibn Abdul-Latif A-Zoubaidi (Tome II). et par l’Imam Ahmad dans son Musnad.

[3] La Fatwa consiste en une interprétation (ou une compréhension) du texte traditionnel en vue de statuer sur un sujet ou émettre un ordre légal (voir le sous chapitre B).

[4] A propos de ce Hadîth voir: "Al-jâmi' li ahkâmi al-qurân" d'Al-qurtubî; tome 4 page 151 et As-sayûtî dans al-jâmi' as-saghîr(288) page 24: où ce hadîth est bien expliqué.

[5] Voici un extrait de la Fatwa du Sheikh mauritanien Murabtal Hadj sur le fait de suivre un des quatre Madhhabs (doctrine, école) autorisés (traduit par Hamza Yusuf Hanson) : Je réponds que le suivi d’une doctrine reconnue (taqlid) est obligatoire pour quiconque n’est pas un mujtahid absolu. Je vais mentionner, si Allah le permet, toutes les conditions préalables à un tel rang. [Sidi Abdullah Ould Hajj Ibrahim] a dit dans son Maraqi as-Sa’ud :
« [Le taqlid] est nécessaire pour tout autre que celui qui a atteint le rang de l’ijtihad absolu. Et ce, même s’il est un [mujtahid] limité qui est incapable [d’accomplir un ijtihâd absolu].»
Commentant ce passage, [Sidi ‘Abdullah] dit dans Nasru al-bunud : « Cela signifie que le taqlid est une obligation pour quiconque n’est pas un mujtahid absolu même s’il a atteint le rang partiel de l’ijtihâdmuqayyad (conditionné)… [Jusqu’à ce qu’il dise], « et demandez aux gens du rappel, si vous ne savez pas. » : Coran 16/43 »
Il a également dit : « [Quant à] la nécessité de s’attacher à un madhhab spécifique, les [savants] ont mentionné que cela est obligatoire pour quiconque présente un manque [dans les conditions de l’ijtihâd]. »
Il dit dans le Nashru al-bunud : « Cela signifie qu’il incombe à quiconque n’a pas atteint le degré de l’ijtihâd absolu de suivre un madhhab spécifique. »
Sidi Abdullah dit encore dans Maraqi as-Sa’ud: « Le consensus aujourd’hui s’est établi sur les quatre, et tous ont interdit d’en suivre un [quelconque] autre».
Il dit dans Nashru al-bunnud : « Ceci signifie que le consensus des savants d’aujourd’hui est de dire qu’il y’a quatre écoles de pensées, et je réfère aux écoles de Mâlik, Abû Hanîfa, Shâfi‘î et Ahmad [ibn Hanbal]. En vérité, la totalité des savants ont interdit de suivre toute autre école d’un mujtahid absolu indépendant depuis le huitième siècle quand l’école de Dâwûd az-Zâhirî est morte, et ce jusqu’au 12 ème et les siècles suivants ... »
Dans le chapitre concernant le raisonnement par déduction dans le Maraqi as-sa’ud, [Sidi ‘Abdullah] dit : « Et quant à celui qui n’est pas un mujtahid, baser ses actions directement sur une preuve scripturaire première [Coran et hadîth] n’est pas admissible. »
Il dit dans Nashru al-bunnud : « Cela signifie qu’il est interdit à quiconque n’est pas un mujtahid de baser ses actions directement sur un texte du Livre ou de la Sunna même si la transmission est authentique, à cause de la forte probabilité qu’il y ait d’autres considérations comme l’abrogation, la limitation, la spécificité à certaines situations, et d’autres facteurs de ce type que nul autre qu’un mujtahid ne peut complètement appréhender avec précision. Donc rien ne peut le protéger d’Allah Exalté à part suivre un mujtahid. L’Imam al-Qarafi [Ahmad Ibn Idris Shihâbu ed-dîn as-Sanhaji al-Qarâfi al-Mâlikî est né en Egypte au septième siècle, et y est mort en 684. Il est l’un des plus grands savants Malékites qui n’aient jamais vécu et est tout spécialement connu pour son travail sur la méthodologie et la loi (usûl al-fiqh). Il était un maître en langue Arabe et a produit des travaux remarquables en grammaire. Son livre adh-Dhakhîra est un ouvrage magistral de 14 volumes publiés récemment aux Emirats qui examine le fiqh Malékite avec des preuves des sources de l’usûl (les piliers de la religion). Il est enterré à Qarâfi en Egypte près de l’Imâm ash-Shafi‘î. Qu’Allah leur fasse miséricorde à tout les deux.] a dit : ‘Et prenez garde à ne pas agir comme certains étudiants le font quand ils raisonnent directement a partir d’un hadîth, alors qu’ils ne savent même pas son authenticité, et laissant de coté ce qui a été mentionné [par les Imams] concernant les subtilités qu’ils impliquent ; en faisant cela, ils se sont égarés et ont égarés d’autres avec eux. Et quiconque interprète un verset ou un hadith d’une manière qui en change le sens originel, sans preuve [dalîl] est un kâfir (mécréant).’ » Voir « Nashur al bunud ‘ala maraqi as-sa’ud, kitab al ijtihad fi al-furu’u » (1409 de l’hègire. Beyrut: Maktabat al-Kutub. p.309)
Quant aux conditions de l’ijtihâd absolu et indépendant, elles sont mentionnées dans le Maraqi as sa’ud :
« Le mujtahid doit être d’une extrême intelligence par nature, et il y’a désaccord au sujet de celui qui est connu pour rejeter le raisonnement par analogie [qiyâs] »
« Il doit connaître les responsabilités [juridiques] à travers des preuves intellectuelles sauf si une preuve clairement transmise indique le contraire (car toute chose est considérée comme licite tant qu’il n’existe pas de texte clair de la tradition qui prouve le contraire : là il faut utiliser les outils du droit musulman (qiyâs ou istihsân) par le mujtahid pour trancher) ».
« [Les sciences de la] grammaire, de la prosodie, de la philologie, combinées à celles de l’usul et de la rhétorique doivent être en sa maîtrise. »
« Selon les gens de la précision, [il doit savoir] où peuvent être trouvés les jugements sans la condition d’avoir mémorisés les textes eux-mêmes. »
« [Tout cela doit être appris] avec une maîtrise d’au moins un niveau moyen. Il doit également connaître les sujets sur lesquels il y’a consensus. »
« [De plus il doit connaître] des sujets plus pointus telles que la condition des hadîths uniques, et ce qui fait l’autorité d’un grand nombre de transmissions ; [la connaissance] de ce qui est authentique et de ce qui est faible est aussi requise. »
« La connaissance de ce qui a été abrogé et de ce qui abroge, de même que les contextes dans lesquels tel verset a été révélé ou tel hadîth transmis est également une condition qui doit être remplie. »
« Le statut des narrateurs ou des compagnons [doit aussi être connu]. Alors, tu peux suivre quiconque remplit les conditions mentionnées selon l’opinion la plus authentique. »

[6] Tradition rapportée par Al-Bukhârî selon Ibn ‘Umar, Hadîth 526 (p 207) : le livre de la crainte (12): « le sommaire du sahîh al-bukhârî » par L’Imam Zein Ed-Dine Ahmed ibn Abdul-Latif A-Zoubaidi (Tome I). Voir aussi :« hayât as-sahâba » (la vie des compagnons) de Kandahlâwî, entre autre.

[7] Al-Bukhârî et Muslim.
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MessageSujet: Re: Suivre un madhab,pourquoi?   Suivre un madhab,pourquoi? I_icon_minitimeSam 12 Sep - 1:10

discussion pacifique avec un salafi

Entretien avec un Salafi

Le salafi en question est en fait un pseudo-salafi, quelqu'un qui croitsuivre la voie de nos pieux prédécesseurs alors qu'il ne fait que s'en éloigner.



Abdurrachid : Assalamou alaikoum wa rahmatoullali wa barakatouhou.

Le Salafi : Assalamou 'ala manittaba'al'houda ("Que la Paix soit sur ceux qui suivent la Guidée").

Abdurrachid : Cher frère salafi, apparemment je ne suis pas assez musulman à tes yeux pour mériter des salutations normales. Pourrais-je te demander pourquoi j'ai droit aux salutations réservées aux non-musulmans ?

Le Salafi : J'utilise ces salutations quand je ne sais pas si mon interlocuteur est un vrai musulman. Malheureusement aujourd'hui, beaucoup de musulmans sont des hypocrites ou même deviennent kafirs à cause des innovations (bid'as) qu'ils suivent.

Abdurrachid : Alors pour toi, je ne suis pas un vrai musulman ?

Le Salafi : Je n'ai pas dit cela. Je préfère juste prendre des précautions au cas où tu es un de ces hypocrites ou si tu fais des actes bid'as. Car toutes les innovations mènent en Enfer pour sûr.

Abdurrachid : Apparement tu as déjà plein de préjugés sur tes frères et soeurs musulmans. Mais passons. Pourrais-tu m'en dire plus sur les innovations (bid'as) ?

Le Salafi : Est bid'a tout acte que le Prophète ( saw ) n'a pas fait.

Abdurrachid : Ah bon ? Cela voudrait-il dire qu'utiliser un ordinateur est une innovation ?

Le Salafi : Je n'ai pas dit cela.


Abdurrachid : Mais le Prophète ( saw ) n'a jamais utilisé d'ordinateur et donc on ne devrait pas les utiliser selon toi, non ? mais bon, passons encore. Peux-tu me dire pourquoi vous vous appelez Salafis ?

Le Salafi : On s'appelle Salafis car on suit la voie des Salafs Salih qui sont nos pieux prédécesseurs. Eux ne commettaient aucune bid'a, pas comme les musulmans d'aujourd'hui ou certains musulmans du passé.

Abdurrachid : Et tu pourrais me dire en quoi vous êtes différents des autres musulmans ?

Le Salafi : Oui. Nous, on suit le Coran et la Sunna, c'est tout.

Abdurrachid : Ah bon ?? Et nous, on suit quoi d'après vous ? Ne suivrait-on pas le Coran et la Sunna ? Aurait-on un autre livre que le Coran et un autre exemple que celui du Prophète ( saw ) ?

Le Salafi : Ce que je veux dire, c'est que vous suivez un peu de Coran et de Sunna mais que vous suivez trop aveuglement l'avis de certaines personnes.

Abdurrachid : Quelles personnes ? Parles-tu des grands savants de l'Islam ?

Le Salafi : Je parle des gens comme Malik, Abou Hanifa, Ash-shafi'i et Ahmad.

Abdurrachid : Tu veux dire qu'on est moins musulmans que vous parce qu'on suit les avis juridiques des grands Imam Malik ibn Anas (ra), Imam Abou Hanifa (ra), Imam Ash-shafi'i et Imam Ahmad Ibn Hambal, qui sont sûrement parmi les plus grands savants que la Terre ait porté ?

Le Salafi : Ce que je dis c'est qu'au lieu de suivre le Coran et la Sunna, vous suivez les dires de ces savants. Mais ces savants étaient des hommes et donc ils pouvaient se tromper. Nous, on ne se base que sur le Coran et la Sunna et cela nous suffit amplement.

Abdurrachid : Peux-tu me dire une chose : sur quoi se basaient ces quatres illustres Imams pour donner des avis juridiques ? Ne se basaient-ils pas sur le Coran et la Sunna ?

Le Salafi : Peut-être, mais nous pouvons faire la même chose qu'eux et donc nous n'avons pas à les suivre aveuglement.

Abdurrachid : Tu veux dire que tu crois être à la hauteur de ces 4 Imams ? Tu crois savoir autant qu'eux en matière de religion ?

Le Salafi : Chez moi, j'ai le Coran et j'ai les sahihs de Al-Boukhari et de Mouslim. Et c'est la seule chose dont on a besoin pour dériver des règles juridiques. Donc si je me pose une question, j'essaie de trouver un verset du Coran qui en parle. Et s'il n'y a pas de versets, j'essaie de trouver un hadith qui en parle et c'est tout. Tout est dans ces trois livres.

Abdurrachid : Dis moi, si ton père doit subir une opération du coeur, l'emmènerais-tu chez un cardiologue ou bien ferais-tu l'opération toi-même ?

Le Salafi : Je ne suis pas fou, j'emmènerais mon père chez le cardiologue.

Abdurrachid : Ah bon ? Mais tu sais que dans les bibliothèques tu peux te procurer tous les livres médicaux dont tu as besoin pour opérer ton père. Si je te donne assez de livres de cardiologie, voudras-tu opérer ton père ?

Le Salafi : Jamais ! Je ne suis pas fou. Il ne suffit pas de lire quelques livres pour savoir comment faire. Il faut des années d'expérience dans le domaine pour comprendre les choses. Tout cela est trop compliqué.

Abdurrachid : Tiens tiens, là, tu parais plus raisonnable. Mais te rends-tu compte que tu fais exactement l'opposé quand il s'agit du Coran et de la Sunna ?

Le Salafi : Comment ça ?

Abdurrachid : Tu dis que tu as les livres chez toi et que tu penses être capable d'en dériver des règles juridiques. Ne te rends-tu pas compte qu'il faut au moins être à la fois un expert en Coran et un expert en Hadiths pour pouvoir faire ce que tu veux faire ?

Le Salafi : Je ne sais pas. En fait, tout homme est assez intelligent pour faire ce travail.

Abdurrachid : Connais-tu les conditions nécessaires pour faire ce que tu veux faire, c'est-à-dire utiliser directement le Coran et la Sunna ?

Le Salafi : Il suffit de savoir lire l'Arabe et d'avoir un Coran et les deux recueils de sahih, non ? Et après on utilise sa tête.

Abdurrachid : Oops. Pas vraiment. D'abord, connais-tu l'Arabe ?

Le Salafi : Oui, je sais lire et écrire. J'avais appris à la mosquée quand j'étais petit. En plus, j'ai pris des cours de correspondance au CNED pendant un an. Donc je pense être assez bon.

Abdurrachid : Je ne sais pas vraiment si tu te rends compte de ce que tu dis. Il faut au commun des mortels des dizaines d'années pour apprendre l'Arabe classique, sa grammaire ultra-compliquée, etc, surtout que l'Arabe d'aujourd'hui n'a rien à voir avec l'Arabe du temps du Prophète ( saw ). Tu savais que la plupart des grands savants musulmans sont des experts en poésie jahiliya qui est la poésie arabe d'avant la révélation. Le niveau d'arabe dont on parle est quelque chose que toi et moi ne connaîtrons jamais. C'est à l'époque de la révélation que la langue Arabe était à son top. Tu ne te demandes jamais pourquoi les gens de l'époque se convertissaient juste après avoir entendu le Coran et pourquoi ils reconnaissaient que le Coran était un miracle et qu'il ne pouvait venir que d'Allah ? Tu vois, Allah Le Très-Haut a envoyé ses prophètes avec des miracles. Chaque prophète a eu droit à un ou plusieurs miracles qui variaient selon la société où il se trouvait. En Egypte, au temps de Moussa-Moïse (as), il y avait beaucoup de magiciens (plutôt prestidigitateurs) et les gens croyaient qu'ils avaient de réels pouvoirs. Ainsi, Allah Le Très-Haut a envoyé Moussa (as) avec des VRAIS tours de magie, et les pseudo-magiciens furent les premiers à reconnaître que les choses que faisait Moussa (as) étaient vraiment des miracles, comme il est rapporté dans le Coran. De même, à l'époque de 'Issa-Jésus (as), les juifs étaient les meilleurs dans le domaine de la médecine. Allah le Très-Haut a donc envoyé 'Issa (as) en lui donnant le pouvoir de guérir les malades et même de ressusciter les morts. Pour le Coran c'est pareil. A l'époque du Prophète ( saw ), la poésie arabe était vraiment à son top. Il y avait à La Mecque des concours de poésie pour voir qui avait l'Arabe le plus pur. Quand le Coran fut révélé au Prophète ( saw ), les gens se rendirent tout de suite compte que ce n'était pas de la simple poésie. Ils se disaient que seul un magicien pouvait créer quelque chose de semblable. Les gens étaient vraiment choqués par la beauté et l'éloquence du Coran. Malheureusement, il est quasi-impossible pour nous de comprendre que le Coran est un miracle de la langue Arabe car nous n'avons pas le niveau d'Arabe nécessaire pour nous en rendre compte. C'est pourquoi, il faut que tu comprennes qu'une connaissance parfaite de la langue Arabe est nécessaire pour pouvoir lire et comprendre le Coran. Mais connaître l'Arabe classique n'est pas une condition suffisante pour comprendre le Coran. Il est aussi nécessaire d'avoir un large savoir des sciences du Tafsir (commentaire du Coran). Chaque verset a été révélé dans un contexte précis qu'il est nécessaire de connaître avant de pouvoir essayer d'interpréter le verset en question. Et connaître le contexte des révélations implique qu'il faut connaître l'histoire de la révélation et connaître ce que les compagnons du Prophète ( saw ) et ceux qui les ont suivis ont compris du Coran. J'espère que tu vois un peu qu'avant de pouvoir dériver des règles du Coran, il faut vraiment être un crac en Arabe classique et en Tafsir. Et là, je ne te parle même pas de tout ce que tu dois obligatoirement savoir sur les règles des versets abrogés/abrogeant, et des autres sciences relatives au Coran.

Le Salafi : Oui, je vois. Est-ce tout ?

Abdurrachid : Non mon ami, ça c'était seulement pour le Coran. Maintenant pour la Sunna, il est facile d'avoir à la maison une copie des sahihs, mais ça ne fait pas de toi un expert en hadiths. Tu ne sais peut-être pas qu'il existe aussi des commentaires des hadiths. Tout ça parce que les hadiths ont eux aussi des contextes qui leur sont associés. Dis-toi bien que la mission prophétique a duré 23 ans et donc que les milliers de hadiths que l'on connaît viennent de cette période de 23 ans. Ainsi, tu comprendras que certains hadiths peuvent venir annuler des hadiths antérieurs portant sur le même sujet. C'est pourquoi il faut connaître tous les détails possibles sur chaque hadith. En parallèle, tu dois être un expert en hadith dans le sens où tu dois maîtriser la science de classification des hadiths, c'est-à-dire les règles utilisées par les savants des hadiths pour déterminer qu'un hadith est authentique, bon, faible, ou forgé. Et là, je ne fais que résumer car en vérité, il y a beaucoup plus de niveaux entre l'authenticité pure et la faiblesse ou l'invention. Si tu vois un hadith dit "faible", il faut que tu saches pourquoi il a été classifié faible : est-ce parce qu'à un niveau de transmission il n'y a qu'une seule personne qui l'a rapporté ? Est-ce parce que la personne qui l'a rapporté a manqué un jour une prière à la mosquée ? Tu sais, les Imams Boukhari et Mouslim étaient très stricts quand ils étudiaient l'authenticité d'un hadith. Ils avaient des listes de conditions que le hadith devait remplir pour être considéré comme authentique. Donc toi, si tu veux dériver des règles juridiques à partir des hadiths, il faut que tu aies une connaissance très approfondie de la science des hadiths. Maintenant, que ferais-tu si tu tombais sur deux hadiths qui semblent se contredire ? Tu prendrais celui qui te convient le plus ? Ce n'est sûrement pas la solution à adopter.

Le Salafi : Et c'est tout ? Il faut juste connaître les sciences du Coran et des hadiths ?

Abdurrachid : Non. Après que tu aies les bases concernant le Coran et la Sunna, tu dois apprendre à dériver les règles juridiques à partir de ces sources. Tu dois donc apprendre Oussoul-al-fiqh , les racines de la jurisprudence.

Le Salafi : Comment ça ?

Abdurrachid : Regarde, si tu sais comment les voitures sont faites et comment les routes sont faites, ça ne veut pas dire que tu sais conduire. Tu dois apprendre à conduire pour pouvoir utiliser tes connaissances de la route et de la voiture.

Le Salafi : Ok. Mais dis-moi, qui au monde peut apprendre autant de choses ? Si on doit attendre d'en savoir autant, on n'est pas prêt de donner des avis juridiques !

Abdurrachid : C'est clair que des gens comme toi et moi n'atteindront jamais le niveau nécessaire pour dériver des règles juridiques à partir du Coran et de la Sunna. Mais ce sont nos savants musulmans qui font ce travail. Ce sont eux les experts et certains d'entre eux ont atteint le niveau nécessaire pour donner des avis juridiques. Parmi eux, sont les Imams Malik, Abou Hanifa, Ash-shafi'i et Ahmad. Eux étaient même meilleurs que nos savants actuels car ils ont vécu juste après le Prophète ( saw ) et donc ils ont été en contact directs avec des tabi'ines, les descendants des compagnons du Prophète ( saw ). Et comme a dit le Prophète ( saw ), les meilleures générations étaient au nombre de trois : la sienne, puis la suivante, puis la suivante. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'existe pas de grands savants à chaque génération. C'est juste qu'ils n'atteindront probablement jamais le niveau des anciens savants de l'Islam.

Le Salafi : Ok, mais pourquoi doit-on suivre ce que tel ou tel savant a dit alors qu'on a les mêmes sources que ces savants, à savoir le Coran et la Sunna ?

Abdurrachid : As-tu passé ta vie entière à étudier les sciences islamiques ? Remplis-tu les conditions pour être un moujtahid, quelqu'un qui peut dériver des règles juridiques à partir des deux sources ? Apparement non et donc tu dois obligatoirement suivre les avis de ceux qui connaissent le mieux. Allah Le Très-Haut dit dans le Coran "demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas" (Sourate 16, verset 43). Les experts en tafsir (exégèse) du Coran disent que les "gens du rappel" sont les savants musulmans. Donc le taqlid, le fait de suivre les avis des savants, est obligatoire pour toute personne qui n'a pas rempli les conditions pour être lui-même un savant moujtahid fil-shar, c'est-à-dire un savant qui a rempli toutes les conditions pour pouvoir dériver les règles depuis le Coran et la Sunna sans besoin de personne. De plus, il est interdit à ce genre de savant de suivre quiconque, c'est-à-dire de pratiquer le taqlid, car il est trop savant pour cela. Les 4 Imams dont on parlait étaient justement des moujtahids fil-shar et parmi les meilleurs ayant existé sur Terre. C'est pourquoi on doit suivre les écoles qui ont été créées sur leurs enseignements, à savoir les écoles Malékite, Hanafite, Shafi'ite et Hanbalite.

Le Salafi : Attends, attends. Tu veux dire qu'on doit suivre ce que dit Malik au lieu de ce que dit le Prophète ( saw ) ?

Abdurrachid : Calme-toi mon ami. Dis-toi bien que ce que l'Imam Malik (ra) a dit, il ne l'a pas sorti de sa tête, mais il a utilisé le Coran et la Sunna pour cela. Quand on dit "l'Imam Malik a dit..." on entend par la "L'Imam Malik a dit, basé sur certains versets du Coran et certains hadiths...". Tous les avis juridiques des 4 Imams et des sheikhs qui leur ont succédés dans les 4 écoles sont basés sur le Coran et la Sunna ainsi que sur un nombre de règles trouvées dans la discipline d'Oussoul-al-fiqh. Ces règles étaient d'ailleurs toutes utilisées par le Prophète ( saw ) ou les compagnons (ra).

Le Salafi : Mais Malik et les autres ont dit : "Si vous trouvez un hadith qui contredise une chose que j'ai dite, suivez ce hadith", donc ça veut dire que Malik savait qu'il n'était pas parfait et donc qu'il fallait qu'on étudie les Hadiths par nous-même, non ?

Abdurrachid : Sais-tu à qui s'adressaient l'Imam Malik (ra) et les autres quand ils disaient cela ? Tu crois qu'ils s'adressaient a toi ? Et bien non ! En fait, ils s'adressaient a ceux qui étaient constamment avec eux, c'est-à-dire leurs étudiants. Ces étudiants n'étaient pas des étudiants comme ceux d'aujourd'hui. Ils étaient des étudiants de l'Imam Malik (ra), de l'Imam Abou Hanifa (ra) mais ils étaient eux-mêmes des grands savants. Tu veux des exemples ?

Le Salafi : Oui car je ne vois pas trop ce que tu veux dire.

Abdurrachid : Par exemple, les Imams Shafi'i et Ahmad étaient des étudiants de l'Imam Malik (ra). Ils étaient donc étudiants mais Imams à la fois. C'est à ce genre d'étudiants que s'adressaient les 4 Imams quand ils disaient : "Si vous trouvez un hadith qui contredise une chose que j'ai dite, suivez ce hadith". Malheureusement beaucoup de gens aujourd'hui croient que ce conseil s'applique à tout le monde et que tout le monde peut jouer aux apprentis savants.

Le Salafi : Mais dans ce cas, tu me demandes de suivre aveuglement une des 4 écoles de jurisprudence ?

Abdurrachid : Non. En fait quand je parlais de taqlid, je ne t'ai pas dit qu'il y avait deux types de taqlid. Le mouttabi' est celui qui suit une école tout en essayant de comprendre comment chaque règle de jurisprudence a été dérivée, quels versets et quels hadiths ont été utilisés. Le mouttabi' est donc quelqu'un qui passe du temps à étudier les sciences islamiques. De l'autre côté, il y a le mouqallid, qui est le musulman qui suit une école sans trop chercher à comprendre le pourquoi du comment des milliers d'avis juridiques qui existent. Le mouqallid fait assez confiance aux grands savants de l'Islam et ne veut pas ou ne peut pas suivre toutes les démonstrations pour arriver aux règles juridiques. Il est toujours préférable au musulman d'essayer de comprendre le maximum et donc d'être un mouttabi' plutôt qu'un mouqallid, mais tous les musulmans ne peuvent pas se permettre de passer du temps à étudier les milliers de démonstrations qui existent, de plus ils n'ont pas tous le niveau intellectuel requis pour ça. Les gens doivent travailler pour vivre et donc beaucoup de gens ne peuvent qu'être des mouqallid et faire confiance aux avis juridiques émis par les grands savants musulmans. Ce qu'il faut que tu comprennes aussi, c'est que les savants de l'Islam sont des gens qui ont passé toute leur vie à étudier l'Islam. Aujourd'hui, tu vois des jeunes aller étudier 5 ans (ou souvent beaucoup moins) dans une université islamique ou non et en ressortir en croyant être devenu des grands savants qui n'ont besoin que du Coran et des Hadiths pour donner des avis juridiques.

Le Salafi : Oui mais pourquoi devrait-on suivre des savants qui ont vécu il y a des siècles ? On ne vit plus à leur époque que je sache.

Abdurrachid : N'oublie pas que ces savants faisaient partie des trois meilleures générations. Et les 4 écoles ne se résument pas aux 4 Imams. Les 4 écoles de jurisprudence ont reçu les contributions de milliers de savants pendant plus de 10 siècles. En gros, on a derrière nous 1400 ans de savoir et d'histoire islamique. Ceux qui veulent tout mettre à la poubelle pour "repartir aux bases que sont le Coran et la Sunna" sont des fous. C'est comme si tu décidais de refuser de prendre la médecine moderne telle qu'elle, et que tu voulais repartir à zéro en commençant à disséquer des corps pour découvrir toi-même les organes, les maladies, etc. Tu ne peux pas réinventer la roue quand même. Et c'est justement ce que font ceux qui croient que les 4 écoles ne se sont pas données la peine de retourner au "Coran et à la Sunna" pour fonder leurs avis juridiques. Peut-être qu'ils s'imaginent que les savants des 4 écoles se basent sur la Bible. Je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête. Regarde, quand tu es malade, tu vas chez le médecin, non ? Et bien, pourquoi fais-tu confiance à ce médecin qui ne fait que répéter ce qu'il a appris et ce qui a été développé au cours des siècles ? Tous les jours, tu fais confiance à des experts, que ce soit des experts en médecine, en finance, en langue, etc. sans remettre en question leur savoir. Si tu veux apprendre le chinois, je pense que tu prendras un dictionnaire français-chinois pour gagner du temps, non ? Tu n'essaieras pas de découvrir par toi-même ce que veule dire chaque mot qui existe en chinois ?

Le Salafi : Bien sûr que non.

Abdurrachid : Alors pourquoi en matière d'Islam ne consultes-tu pas les experts plutôt que de faire le travail par toi-même ? C'est quand même pas logique, non ?

Le Salafi : Disons que tu as raison et que je veuille utiliser le savoir qui a été accumulé pendant 14 siècles, quelle école de jurisprudence devrais-je suivre et laquelle a le plus raison ?

Abdurrachid : D'abord, il faut vraiment que tu réalises que les 4 écoles sont équivalentes et qu'il n'y en a pas de supérieures aux autres. Même si les avis des 4 écoles diffèrent pour un certain nombre de questions, TOUS ces avis sont basés sur le Coran et la Sunna. En gros, c'est comme si tu voulais aller à Paris et que tu décidais de prendre un chemin précis pour y aller. Si quelqu'un d'autre prend un chemin différent du tien pour y aller, il arrivera quand même à Paris. Les deux chemins seront équivalents, non ? En Islam, notre but est de satisfaire Allah Le Très-Haut et ces 4 écoles te donnent la recette pour atteindre ce but.

Le Salafi : Mais a-t-on le droit de choisir l'école que l'on veut à chaque différente question que l'on se pose ? Je veux dire a-t-on le droit de choisir l'avis qui nous plaît le plus ?

Abdurrachid : Il n'est pas du tout recommandé de s'amuser à faire son marché dans les 4 écoles en prenant les avis que l'on veut (souvent les moins stricts). Les savants des 4 écoles ont dérivés les avis juridiques selon une certaine méthodologie. Cette méthodologie est différente selon l'école. C'est pourquoi il y a des différences entre les écoles. Mais encore une fois, les méthodologies sont toutes bonnes, c'est juste qu'elles sont différentes. Un exemple serait que dans telle école, le savant préfèrera un hadith faible plutôt que l'avis d'un compagnon. Dans une autre école, ce sera l'opposé. Ce sont là des choix que l'on doit faire et il n'y a pas de mauvais choix. C'est comme si tu hésitais entre mettre une chemise blanche ou une chemise verte. Certaines personnes préfèrent le blanc quand d'autres préfèrent le vert. Ceux qui préfèrent le blanc diront que le Prophète ( saw ) aimait le blanc. Mais ceux qui préfèrent le vert pourront aussi dire que le Prophète ( saw ) aimait le vert. Donc en gros il n'y a pas une seule réponse. Les deux sont possibles et ne peuvent pas être départagées.
Pour les 4 écoles, c'est exactement pareil. Tu ne peux pas vraiment départager quand il y a différents avis car les divergences sont basées sur des choix qui sont aussi bons les uns que les autres. Mais ça, si tu étudies un peu les bases de l'Oussoul-al-fiqh, tu comprendras très vite de quoi je parle et tu te rendras très très vite compte de la grande sagesse des savants. Et le plus tu sauras, le plus tu seras émerveillé par le génie des faqih et des 4 grands Imams. Et comme ton savoir aura augmenté, tu seras beaucoup plus tolérant envers les autres. Il ne faut pas croire que les 4 écoles sont des ennemies les unes des autres. Il y avait dans le passé, une musulmane qui était parmi les meilleures savantes de la Oummah. Elle avait 4 enfants et décida de leur faire étudier une école de jurisprudence différente à chacun. Elle voulait que chacun de ses enfants devienne un savant dans une des 4 écoles. Tu vois la tolérance ? Moi je te dis franchement qu'il n'y a que les ignorants qui croient encore que les 4 écoles sont des écoles ennemies et que ces écoles ont divisés la Oummah... Tu sais, la voie de l'Islam est large et non étroite comme certains veulent nous faire croire. Ceux-là veulent rendre l'Islam plus compliqué qu'il n'est.


Le Salafi : Oui mais suivre une école ou l'avis de quelqu'un d'autre n'est-il pas réservé aux gens vraiment ignorants ? Pour moi, par exemple, qui connaît pas mal de choses sur l'Islam, devrai-je suivre une école ?

Abdurrachid : Savais-tu que Omar (ra) suivait certains avis d'Abou Bakr (ra) en disant qu'il aurait trop honte devant Allah Le Très-Haut d'avoir un avis différent d'Abou bakr (ra) ? Et savais-tu qu'Ibn Massoud (ra), malgré le fait qu'il était un moujtahid dans le vrai sens du terme, suivait parfois les avis de Omar (ra) ? Savais-tu que les Imams Boukhari, Mouslim et An-Nawawi étaient Shafi'is ? La liste des grands savants de l'Islam qui appartenaient à une école est très très longue. Comme je te disais, seuls les savants qui ont atteint le niveau de moujtahid fil-shar ne font partie d'aucune école vu leur immense savoir. Ces gens-là sont les seuls qui peuvent se permettre de ne suivre l'avis de personne. Tu sais, Ibn Taymiyyah ne demandait pas aux gens de ne pas suivre les 4 écoles et de dériver des règles juridiques tous seuls dans leur coin. Ibn Taymiyyah et Ibn al-Qayyim s'adressaient plutôt aux étudiants musulmans qui avaient déjà atteint un certain niveau de savoir islamique. C'est à eux qu'ils disaient de ne pas suivre aveuglement ce qu'ils apprenaient. Et ce conseil a été donné par TOUS les grands savants à leurs élèves. Maintenant, si tu crois avoir atteint le niveau des étudiants dont je parle....

Le Salafi : Mais Ibn Taymiyyah (ra) était un grand savant quand même, et il savait de quoi il parlait.

Abdurrachid : On a 14 siècles de savoir islamique et le seul savant que tu connaisses est Ibn Taymiyyah ? Faut quand même ouvrir les yeux et voir les milliers de grands savants qui ont eu beaucoup plus d'impact sur la Oummah qu'Ibn Taymiyyah. Tu sais, ce n'est pas parce que les yoyos sont à la mode qu'ils sont la meilleure invention de l'humanité. Certains se permettent d'insulter des savants comme Sheikh Al-Qaradawi alors qu'ils nous tueraient si on disait qu'Ibn Taymiyyah n'est pas un savant parfait. Tu te rends compte ? Des personnes qui ne connaissent même pas 3 sourates du Coran et qui viennent insulter un savant qui a passé sa vie à étudier l'Islam ?? Quand tu faisais encore dans tes couches, lui, il avait plus de savoir que tout ce que tu pourras accumuler dans ta vie. Il est clair qu'aucun savant n'est parfait et donc que même Sheikh Al-Qaradawi n'est pas parfait. D'ailleurs, tout le monde, y compris les savants, est d'accord sur ce point. Mais on ne peut pas jeter les gens parce qu'ils ne sont pas parfaits, sinon il ne resterait plus personne. Maintenant, pour ce qui est de traiter de "kafir" tous les musulmans que vous n'aimez pas, c'est un jeu vraiment dangereux. N'oublie pas que celui qui dit de son frère qu'il est kafir et que ce n'est pas vrai, devient lui-même kafir. Mon conseil est que tu ne devrais jamais prononcer le mot "kafir" en parlant d'un musulman. Ce n'est pas parce qu'on semble commettre des actes bid'as à vos yeux qu'on n'est plus musulmans. Faut faire attention quand même car c'est un sujet très sérieux. Tu sais aussi, ce n'est pas parce que je ne me fais pas appeller Abou Oussama ou Abou autre chose que je suis moins musulman que toi. Regarde, moi quand je vais à un examen, si je n'ai pas bossé mes cours sérieusement, je vais sûrement me planter. Ce n'est pas parce que je vais à l'examen en portant de jolis vêtements et en ayant de jolies stylos et une belle calculatrice que je vais avoir une bonne note. Donc pour toi, c'est très bien d'avoir tous les signes extérieurs d'Islam, mais ça ne suffit pas à faire de toi un musulman.

Le Salafi : C'est vrai.

Abdurrachid : Pour finir, je voudrais juste te donner un dernier conseil : ne joue pas les balaises, en ce qui concerne le Coran et les Hadiths. Il faut avoir un savoir immense avant de pouvoir utiliser ces sources pour dériver des règles. Laisse plutôt ça aux spécialistes, ceux qui ont passé leur vie à étudier. Ne laisse pas ton orgueil te faire croire que tu es un savant. Et ne lis pas que des écrits de gens qui pensent comme toi. Car si tu ne lis que ça, tu ne changeras jamais. Qu'Allah Le Très-Haut nous pardonne et nous garde sur la Voie. Amine.

Le Salafi : Amine.


Abdurrachid : Assalamou alaikoum wa rahmatoullali wa barakatouhou

Le Salafi : Wa alaikoumou salam wa rahmatoullali wa barakatouhou, mon frère.


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MessageSujet: Re: Suivre un madhab,pourquoi?   Suivre un madhab,pourquoi? I_icon_minitimeLun 11 Oct - 2:06

Salam aleykoum Wa Rahmatullahi wa barakathu

barakAllahoufiki oukhty pour ce rappel !!! il tombe vriament a pic , al hamdoulillah a chaque fois que Seytan essaye de me faire dévier je tombe sur ce qu'il faut pour me reprendre et ouvrir les yeux Allahou akbar
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MessageSujet: Re: Suivre un madhab,pourquoi?   Suivre un madhab,pourquoi? I_icon_minitime

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